Le couple s'est connu très jeune, dans le Connecticut à l'âge de seulement huit ans. Nous sommes alors en 1927, et ils sont tous deux issus de familles d'immigrés polonais. Malgré leur jeune âge, les deux enfants se revendiquent déjà amoureux. "Mon père gardait dans son portefeuille une photo de la communion de ma mère", confie Aimee, leur fille. En 1940, ils sautent le pas et se marient. Ils auront deux enfants ensemble, qu'ils élèveront à San Diego.

Deux lits placés côte à côte

Au fil des années, alors que chez certains couples, la passion se tarit, pour Jeanette et Alexander, elle ne fait au contraire que se renforcer : "Leurs cœurs battaient toujours à l'unisson", estime Aimee. Le couple va même jusqu'à travailler ensemble. La vie suit son cours, les enfants grandissent, le couple vieillit. Et sa santé décline : l'état d'Alexander, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, se dégrade rapidement après une mauvaise chute. Il est placé en maison de retraite. 

Au même moment, Jeanette, elle aussi, a des problèmes de santé. Le couple de 95 ans sentant son heure venir, il prévient ses enfants : "Ils nous ont dit qu'ils termineraient leur vie dans leur propre lit, chacun dans les bras l'un de l'autre". La maison de retraite fait alors installer, au domicile du couple, le lit d'Alexander juste à côté de celui de Jeanette. Quelques jours plus tard, le 29 juin, ils fêtent leur 75 ans de mariage.

"Je t'aime, attends-moi"

"Elle n'arrêtait pas de me demander : c'est aujourd'hui, c'est aujourd'hui ?", raconte Aimee. Le jour J, toute la famille se réunit dans la maison, avec des ballons et des fleurs. "On leur a souhaité un joyeux anniversaire, et ma mère était très émue (…). Elle savait qu'il était en train de partir et qu'ils avaient parcouru 75 ans de mariage ensemble".

Quelques jours plus tard, Alexander s'éteint, comme prévu dans les bras de Jeanette. "Il est mort dans ses bras, exactement comme il le souhaitait. Je suis rentrée dans leur chambre et j'ai dit à ma mère qu'il était parti. Elle l'a pressé contre elle et lui a murmuré : 'Tu vois, c'est comme tu le voulais. Tu es mort dans mes bras et je t'aime. Je t'aime, attends-moi, je serai bientôt là'". Moins de vingt-quatre heures plus tard, Jeannette disparaît en effet à son tour pour rejoindre, comme prévu, l'amour de sa vie.